Résolution stratégique du 7ème Congrès de la FERPA

Une organisation syndicale dynamique et mobilisée pour le droit à vivre et vieillir dans la dignité

1. Une Europe meilleure pour les retraité/e/s et personnes âgées :

1.1. Une crise qui n’en finit pas de produire ses effets néfastes
1. Depuis le dernier Congrès qui s’est tenu à Venise en avril 2011, la situation au sein de l’Union européenne ne s’est pas améliorée pour les citoyennes et les citoyens et pour les retraité/e/s en particulier.
2. L’Europe d’aujourd’hui divise. Sous couvert de libre concurrence et de libre circulation, elle joue les économies de la zone euro entre elles. Elle met de plus en plus en concurrence les travailleurs européens quand elle n’organise pas elle-même les reculs sociaux et la déréglementation.
3. Cent millions d’européens et d’européennes souffrent de pauvreté et de mal vie. 
4. Sous l’effet de la crise, qui n’en finit pas de produire ses effets néfastes pour les hommes et les femmes d’Europe, les gouvernements ont mis en place des budgets de rigueur, ignorant les besoins toujours plus importants de leurs membres – notamment celles et ceux frappé/e /s par la crise – pour satisfaire aux exigences des marchés financiers.
5. D’autre part, de multiples voix se sont élevées pour dénoncer les dépenses importantes en matière de protection sociale en omettant de souligner qu’il s’agissait non seulement de dépenses justifiées, mais aussi d’un investissement social nécessaire sur le long terme et indispensable, qui a permis qu’en Europe – en comparaison à ce qui se passe dans d’autres continents ou régions du monde- les femmes et les hommes vivent mieux et plus longtemps,
6. Oubliant également que les retraités et personnes plus âgées apportent une contribution plus que précieuse à la vie sociale, citoyenne, culturelle et économique !
7. Il est urgent de revoir les choix de politique économique pour valoriser le vieillissement actif et le rôle des anciens dans la société, par le biais d’un changement culturel et politique capable de reconnaitre dans la longévité une chance pour faire face aux défis économiques et sociaux.

1.2 La mise en œuvre de politiques d’austérité aux conséquences sociales et sanitaires dramatiques 
8. Le fait de société le plus grave, qui a émergé avec la crise et s’est accentué avec l’austérité reste le chômage des jeunes, mais aussi celui des travailleurs âgées et de leurs difficultés à rentrer dans un emploi. Du fait de l’augmentation de l’âge légale de la retraite, ils risquent de rester sans salaire et sans revenus jusqu’à l’âge de la retraite
9. Mais aussi, partout en Europe, les dépenses sociales ont subi des coupes. Diminution des places en crèches (Grèce, Portugal, République tchèque, Italie, Pologne), augmentation des frais de garde à la charge des familles (Pays-Bas, Royaume-Uni, Pologne), fermetures d’hôpitaux et de maternités (Grèce, Portugal, Roumanie, France, Pologne…)

10. Les politiques d’austérité ont également un impact négatif :
 sur les politiques de santé :

11. Réduction des dépenses de médicaments, augmentation de la franchise hospitalière, réduction du nombre de lits et de personnels hospitaliers et soignants ; voire dramatiques pour certains, avec comme conséquence que la proportion de personnes nécessitant des soins – et notamment parmi les plus âgées –mais ne pouvant y avoir accès, a très significativement augmenté.

12. De plus en plus de personnes âgées (en particulier celles qui dépendent du revenu minimum ou dont les revenus sont érodés du fait de l’absence d’indexation adéquate) n’ont plus les moyens de payer des soins de santé préventifs et primaires appropriés, ce qui a des conséquences immédiates sur le vieillissement en bonne santé. Par exemple, la suppression effective du droit à la gratuité ou au remboursement des médicaments signifie que les personnes âgées souffrant d’une maladie chronique sont contraintes de renoncer à des traitements essentiels ou à des médicaments onéreux, ou de s’en remettre aux programmes volontaires de médicaments gratuits proposés par des organisations caritatives ou humanitaires. Ce qui réduit à néant les progrès réalisés ces 30 dernières années pour garantir à tous les groupes de la population le droit d’accès aux soins de santé et aux traitements de qualité.
 Sur les pensions

13. Tel est pour elles, la conséquence concrète des mesures d’austérité budgétaire. Ces mesures se sont traduites par le gel des pensions, voire la baisse pour certains et la réduction des prestations sociales, accompagnées d’une hausse des prix des soins médicaux, des transports publics, du gaz, de l’électricité et des denrées alimentaires. Elles ont ainsi entraîné une dégradation des conditions de vie des personnes âgées ayant de faibles revenus, notamment dans les zones rurales isolées.

14. L’augmentation de la pauvreté et la réduction des aides accordées par l’Etat exacerbent le sentiment de marginalisation dans la société, qui retentit sur la cohésion sociale dans son ensemble. La réduction de l’Etat « providence » conjuguée à une augmentation des inégalités engendrent des tensions sociales.

15. La crise et les réformes, dans la plupart des pays de l’Europe, ont un impact sur le montant des pensions et accentuent le risque de pauvreté chez les personnes âgées, et particulièrement chez les femmes. En effet, l’accroissement des périodes de chômage ou la diminution temporaire du revenu seront répercutés dans les prestations futures, puisque celles-ci dépendent des contributions versées tout au long de la vie active, en particulier pour les femmes puisque qu’elles occupent toujours les emplois les plus précaires, les moins qualifiés, les moins bien rémunérés.

1.3 Une nouvelle Commission certes, pour quels changements et avec quelle autre volonté politique ?
16. Le Président Junker a annoncé un programme d’investissement de 315 milliards d’euros. Comme l’a déclaré la CES, « le plan d’investissement ne suffira pas mais c’est un début ». Dans le même temps, la CES s’inquiète du fait qu’il sera difficile de générer 315 milliards d’euros d’investissement avec à peine 21 milliards d’euros d’argent public (principalement sous forme de garanties). Et quel impact réel sur l’économie, que ces 315 milliards sur 3 ans – soit 105 milliards par an – alors que le déficit d’investissement annuel depuis le début de la crise est estimé à au moins 280 milliards ? La FERPA soutient la proposition de la CES de créer un plan d’investissement de 2% du PIB, soit environ 250 milliards d’euros par an sur une période de 10 ans. 
17. L’autre problème réside dans le fait que dans la gouvernance économique européenne actuelle, l’accent reste mis, d’une part, sur l’équilibre budgétaire, c’est-à-dire la réduction du déficit public et de la dette du secteur public, et d’autre part, sur la compétitivité des coûts de production ce qui se traduit par une entrée en concurrence les uns avec les autres en réduisant les emplois et les salaires. Ceci, alors que les objectifs de la relance économique, à savoir une politique industrielle forte favorisant, une croissance durable, davantage et de meilleurs emplois bien rémunérés et une meilleure cohésion sociale, restent donc, dans les faits, relégués au second plan.
18. Pour la FERPA, il faut exiger des réponses européennes qui tiennent compte des dangers dans lesquels les politiques d’austérité nous plongent : augmentation des inégalités, chômage structurel, montée des populismes, détresses humaines. Autrement dit, il faut mettre la dimension sociale au cœur de la gouvernance économique européenne.

2- La FERPA une organisation syndicale renforcée et efficace malgré un contexte difficile
2-1 Une mobilisation constante au service des retraité/e/s et personnes âgées
19. C’est dans ce contexte difficile que la FERPA, fière et forte de ses 22 années d’existence a poursuivi son action et sa mobilisation au service des retraité/e/s et personnes âgées au sein de l’Union européenne et au premier chef de ses affilié/e/s.
20. Au cours de ces dernières années la FERPA a confirmé sa vocation d’organisation syndicale et non pas celle d’une association regroupant des personnes retraitées. C’est pourquoi elle s’est inscrite dans toutes les actions revendicatives et les mobilisations lancées tant au niveau de la CES qu’aux différents niveaux nationaux.
21. Elle a développé ses propres projets revendicatifs comme par exemple en ce qui concerne la pauvreté ou l’autonomie des personnes âgées. Elle a poursuivi son action pour la promotion de l’égalité du genre et a œuvré pour mieux connaitre la situation des femmes retraitées européennes. Cette situation étant directement issue des conditions de vie et de travail en activité. Son Comité des femmes a noué une collaboration avec celui de la CES.

2 En lien avec la CES
22. Sans avoir encore atteint sa reconnaissance pleine et entière au sein de la CES, notamment par le droit de vote au sein de ses instances – droit qui reste à conquérir – elle a intensifié sa présence au sein de cette organisation en participant activement à ses instances, y compris à son groupe de travail protection sociale. En 2012, la FERPA a co-organisé et co-animé, avec la participation d’une importante délégation de ses membres, le Séminaire intergénérationnel à Larnaka à Chypres, sur le « vieillissement actif et la solidarité entre les générations » avec l’objectif d’assurer une continuité entre les politiques menées en direction des jeunes, des actifs et des retraites. De même, dans le deuxième semestre de l’année 2014, la FERPA et ses organisations se sont largement investies et impliquées dans les séminaires décentralisés co-organisés avec la CES, la Fédération Européenne des Services Publics et l’ONG Solidar, sur le thème des soins aux personnes âgées : « Who cares ? »
23. La FERPA tentera une nouvelle initiative pour obtenir sa reconnaissance auprès des affiliés de la CES comme une Fédération Syndicale Européenne pleine et entière et en particulier bénéficiant au sein des instances de la CES du droit de vote 

2-3 Une reconnaissance accrue par la Commission et le Parlement européen à renforcer
24. En ce qui concerne la Commission, le travail réalisé, en particulier dans le cadre de l’Initiative Citoyenne Européenne a permis de renforcer notre présence et nos contacts, déjà étroits notamment au sein de la DG Emploi et Affaires Sociales et de nous faire reconnaître comme des interlocuteurs crédibles dans le domaine des soins aux personnes âgées, même si le sort qui a été réservé à notre première Initiative Citoyenne n’a pas été à la hauteur de nos espérances.
25. Les relations avec le Parlement Européen se sont également renforcées. Le succès qu’a rencontré la FERPA lors de la Conférence organisée avec les parlementaires Sociaux-démocrates Européens, en mai 2013, les a impressionné-e-s considérablement par la capacité de la FERPA à mobiliser des centaines de personnes en provenance de toute Europe.
2-4 C’est dans ce contexte difficile que la FERPA s’est mobilisée pour relever les défis
26. Malgré un contexte difficile, la FERPA au cours de ces quatre années a continué de se battre et de s’imposer comme interlocuteur pour améliorer la vie des personnes retraités et âgées, dans le cadre de la solidarité inter et intra-générationnelle. Cette bataille sur ces objectifs marque notre engagement pour le mandat à venir, même si les défis qui nous attendent sont importants.
27. Au premier rang desquels, et comme l’ont montré notamment les résultats aux dernières élections au Parlement européen, il s’agit de vaincre l’euroscepticisme, qui a progressé. Parmi nos concitoyen/ne/s, il y a un « désenchantement » d’Europe. S’il y a encore une décennie, avec l’élargissement, l’on pouvait rêver à « plus d’Europe », aujourd’hui le risque existe de dire « moins d’Europe ».

28. La FERPA et ses organisations veulent une Europe qui rassemble, qui unit. Elles veulent une Europe qui apprend à ses citoyens à mieux se connaitre et à vivre ensemble. ; une Europe de la solidarité pour tous les âges et toutes les catégories. Elles doivent relever ce défi et se battre, aux côtés de la CES, pour mettre en place les conditions et les moyens pour gagner la bataille européenne, en intervenant et en nous mobilisant sur le terrain concret de nos revendications permettre à tou/te/s les citoyen/ne/s de pouvoir vivre dignement, et en particulier les personnes âgées et retraitées, dans une Union Européenne fondée sur la tolérance et qui remette le « social » au cœur de ses priorités


3 -Les revendications de la FERPA pour redonner la priorité à la dimension sociale dans la construction européenne

3.1. Une première priorité pour la FERPA se mobiliser dans la solidarité inter et intra générationnelle

29. L’avenir des systèmes de protection sociale, la qualité des systèmes de pension et de santé dépendent étroitement de la situation économique au sein de l’Union européenne. C’est pourquoi, la FERPA fait siennes les revendications de la CES réclamant un « nouvel élan pour l’Europe », ce qui implique, par exemple :
-  un investissement de 2% du PIB,
-  la fin du monopole des marchés financiers qui décident quels états-membres ont accès à un financement et à quelles conditions

30. Se battre aux côtés des organisations syndicales de salarié-e-s pour de meilleurs emplois et en plus grand nombre – en développant des investissements productifs et durables– c’est garantir et améliorer le financement des systèmes sociaux fondés sur la solidarité et indépendants des spéculations boursières.

31. C’est aussi assurer aux ménages européens des revenus décents et aux retraité-e-s européen-ne-s un niveau de vie digne, et ainsi soutenir la demande.

32. Cela passe également par un droit, garanti par les pouvoirs publics, à une éducation et à une formation de qualité, pour toutes et tous, tout au long de la vie. A commencer par les plus jeunes, mais aussi, pour permettre aux salarié-e-s de faire face aux nouvelles exigences de production ou à l’évolution de leur emploi, voire pour leur permettre de changer d’emploi ; et enfin, pour permettre à plus de personnes âgées de vivre dans la dignité, de participer activement à la vie sociale et de continuer à donner leur contribution

33. Ce sont des services publics de qualité, abordables et accessibles à toutes et à tous, et particulièrement aux plus vulnérables.

34. Lutter pour un Welfare comme moteur de développement, la recherche, l’innovation et un emploi de qualité c’est aussi lutter pour des systèmes fiscaux plus justes, qui pèsent moins sur le travail mais qui mettent davantage à contribution les revenus du capital. C’est aussi réorienter l’affectation de l’impôt sur les transactions financières vers le social et finalement combattre la fraude et l’évasion fiscale et les paradis fiscaux. Mais il est nécessaire de trouver des solutions transfrontalières. Notamment, la Commission européenne devrait prendre des mesures contre toutes les formes de fraude fiscale, ce qui suppose d’avoir préalablement une vision claire de la situation. Ainsi, la Commission européenne devrait-elle imposer des objectifs aux Etats membres et prendre des mesures à l’encontre des Etats membres qui n’atteignent pas ces objectifs, comme pour les contrôles budgétaires annuels. De cette manière, la fraude fiscale pourra être combattue au sein de l’Union européenne. Une juste taxation dans l’union européenne pourra donner les moyens d’investir dans les réformes sociales européennes. 
Car le financement de « l’Etat social » par l’impôt et les cotisations est une nécessité. C’est une question de solidarité nationale.

► Pour la FERPA et la CES, un objectif commun : changer de cap en priorisant la dimension sociale 
3.2. Une urgence : se doter, au niveau européen, d’une politique sociale plus ambitieuse
35. Le taux de chômage dans l’Union européenne atteint aujourd’hui un niveau élevé, dépassant régulièrement, depuis 2012, le seuil symbolique des 10%. Succédant à la Stratégie de Lisbonne, la Stratégie 2020 a entre autres comme principal objectif de créer et d’améliorer l’emploi ainsi que de sortir de la pauvreté 20 millions de personnes au terme de la décennie.

36. Force est toutefois de constater que cette stratégie ne se situe pas sur un pied d’égalité avec les procédures du semestre européen et l’examen annuel de la croissance. Même si la Commission souligne que « la liste des cinq priorités du semestre – assainissement budgétaire, rétablissement du crédit bancaire, promotion de la croissance et de la compétitivité, lutte contre le chômage et ses conséquences sociales, modernisation de l’administration publique – ne reflète pas une hiérarchie dans les priorités », il est clair que les objectifs d’Europe 2020 sont subordonnées aux objectifs économiques du semestre européen.

37. Et la priorité donnée aux politiques d’austérité pour atteindre l’assainissement budgétaire a des effets contreproductifs et négatifs sur l’innovation, sur la recherche et le développement, sur l’emploi – 26 millions de sans-emplois dont 5 millions de jeunes de moins de 25 ans- et sur la réduction de la pauvreté – le risque de pauvreté s’accroît avec 120 millions d’européen-ne-s qui vivent dans la pauvreté ou sont confronté-e-s au risque de pauvreté.

38. C’est pourquoi avec la CES, la FERPA demande l’abandon de la Stratégie 2020. En effet, ses objectifs sont considérés comme ni contraignants ni obligatoires à la différence d’autres critères tels que les mesures d’austérité ou les critères de réduction du déficit… Elle réclame donc un « outil plus efficace et un agenda ambitieux pour la politique sociale ».

38bis. La FERPA considère comme urgente une revalorisation des pensions à l’échelle européenne afin de redonner une augmentation du pouvoir d’achat aux retraité-e-s et participer ainsi à la relance des économies européennes

►Pour la FERPA et la CES, une revendication et une mobilisation : oui, à des emplois pérennes et de qualité, non à la précarité

3.3. Combattre les formes de privatisation de la Sécurité Sociale et les risques de spéculation

39. Face aux mesures de restrictions budgétaires que se sont imposés les pays européens sous la pression des marchés financiers, les budgets sociaux sont sous pression. Sous prétexte d’un nécessaire assainissement budgétaire, les Etats pratiquent des coupes claires dans leurs dépenses sociales, allant jusqu’à déléguer au secteur privé des dépenses qui leur incombent.

40. Ainsi par exemple, du fait de la moindre prise en charge par la Sécurité Sociale des dépenses de santé et de la part de plus en plus importante qui reste à la charge des malades dans les frais médicaux, ils-elles sont incité-e-s et encouragé-e-s à souscrire des assurances privées pour faire face à leurs dépenses.

41. Certain-e-s, de plus en plus nombreux-euses, en viennent jusqu’à renoncer à se faire soigner, notamment parmi les personnes âgées. Pour combattre cette tendance, il faut investir dans la prévention, passage indispensable compte tenu du processus de vieillissement de la population.

42. .Il en va de même en ce qui concerne le secteur des pensions. Face à l’inquiétude entretenue par les marchés financiers mais aussi par les mesures de restrictions prises par les pouvoirs publics, quant à l’avenir des systèmes publics de pensions, les salarié-e-s, notamment les plus jeunes qui le peuvent vont être plus sensibles aux sirènes des fonds privés de pension, sans mesurer qu’ils-elles conditionnent le montant futur de leurs pensions aux aléas des marchés financiers et de la spéculation boursière.

43. Cette forme rampante de privatisation de la Sécurité Sociale conduit à l’instauration de couvertures sociales à plusieurs niveaux selon les ressources des bénéficiaires, source d’injustice et d’exclusion. Et elle remet en cause les principes fondateurs de la Sécurité Sociale qui sont que chacun-e contribue à la Sécurité Sociale selon « ses moyens » mais qu’il-elle reçoit selon « ses besoins »

► Pour la FERPA combattre toutes les remises en cause des principes fondateurs de la Sécurité Sociale au nom de l’équité et de la solidarité

3.4. Pour assurer la dignité de vie des personnes âgées d’aujourd’hui et de demain, lutter contre toutes les formes de pauvreté.

44
 Recul de l’âge de la pension malgré un marché de l’emploi précaire,
 critères plus sévères dans les conditions d’acquisition des droits à la pension, 
 carrières plus fragmentées et incomplètes quant aux conditions d’ouverture du droit à la pension,
 non prise en compte, pour la pension des interruptions de carrière pour éduquer un enfant ou assurer les soins ou l’accompagnement d’un parent en perte d’autonomie,
 gel quand ce n’est pas la baisse du montant des pensions…
autant de facteurs qui augmentent le risque de pauvreté chez les personnes âgées et retraitées d’aujourd’hui et de demain

45. Et ce risque est encore plus grand pour les femmes âgées et retraitées. C’est dans les pays où les niveaux de vie sont les plus faibles que les taux de pauvreté des retraitées y sont logiquement plus élevés : ils représentent la moitié des femmes à la retraite au Portugal et plus de 35 % en moyenne au Royaume-Uni, en Irlande, et en Grèce. La crise, depuis 2008, a encore aggravé ce phénomène. Dans 10 pays sur 27, le risque de pauvreté chez les personnes de plus de 65 ans est supérieur à celui de la population active (18-64 ans).
Dans 8 des 27 pays, les personnes âgées sont plus pauvres que tous les groupes de population réunis.

46. Si les femmes (17%) et surtout les femmes seules (25 %) sont généralement davantage menacées par la pauvreté que les hommes (16 %), ce risque est encore plus élevé chez les femmes âgées (22%) que chez les hommes âgés (17%).
47. A cela s’ajoutent l’augmentation des coûts du logement et de l’énergie, ce qui fait que les personnes retraitées, dont les pensions sont érodées, ont de plus en plus de difficultés à se loger correctement, d’autant plus qu’elles sont discriminées pour accéder à des logements sociaux.

► Pour la FERPA combattre la récession sociale, due aux mesures d’austérité en renforçant la lutte contre la pauvreté et les mécanismes d’appauvrissement des personnes et en se mobilisant pour assurer aux personnes âgées les ressources nécessaires pour leur permettre de vivre dignement.

3.5. Pour les retraité-e-s et personnes âgées, d’aujourd’hui et de demain un droit à conquérir : la garantie de bénéficier des soins de qualité et des mesures d’accompagnement nécessaires à leur état de santé.
48. Même si ce n’est pas une question d’âge, il est un fait avéré que l’avancée en âge peut entraîner des problèmes de santé plus importants pouvant aller jusqu’à la perte d’autonomie.
49. Le maintien à domicile de la personne en perte d’autonomie doit être privilégié. La personne âgée doit avoir le choix entre le maintien à domicile et l’accueil en établissement. Il faut développer et améliorer très sérieusement les services et les soins à domicile, ainsi que leur organisation et leur prise en charge financière. 
50. Les pouvoirs publics doivent s’assurer de la qualité des prestations fournies par les sociétés ou les associations d’aide à domicile.
51. Ceci grâce notamment à une meilleure coordination des intervenants entre eux et une amélioration de leurs conditions de travail, de leur rémunération et avant tout de leur formation.
52. Il est également important de développer la prévention tout au long de la vie : prévention sociale et prévention de la santé.
53. Le financement de la perte d’autonomie, qu’elle provienne d’un handicap ou du vieillissement, doit être prise en charge par la solidarité nationale.

54. Pour faire face à cette situation, il apparaît que dans la plupart des pays membres, la couverture médicale peut être plus ou moins bien assurée au titre des prestations de la Sécurité Sociale. Mais il en va tout autrement de la prise en charge de l’accompagnement qu’entraîne leur état, que ce soit en institution ou à domicile.

55. Ces coûts se révèlent être très importants et, le plus souvent, ne peuvent être couverts par les seules ressources des personnes concernées, notamment via les pensions qu’elles perçoivent, d’autant plus que dans le cadre des plans de rigueur budgétaire instaurés au sein l’Union, leur montant est soit réduit soit gelé.

56. L’entrée en établissement est perçue très souvent comme une solution de dernier recours. Elle est mal vécue par de nombreuses personnes âgées. La transition entre la vie à domicile et la vie en établissement doit être améliorée et accompagnée. La qualité de l’accueil et de l’animation jouent un rôle essentiel.

57. Par ailleurs, l’accueil en hébergement est rendu véritablement problématique pour les personnes concernées et leurs proches, du fait du désengagement des services publics de ces structures d’accueil au profit du secteur privé, notamment à but lucratif. Cette « privatisation » devient alors synonyme de coûts grandissants et prohibitifs et d’une qualité du service rendu moindre du fait des objectifs de rentabilité qui leur sont imposés et de la pression exercée sur les personnels dont le nombre, la rémunération et la formation sont souvent réduits au minimum…

58. Pour faire face à ces coûts – que ce soit à domicile ou en hébergement – il leur faut alors, dans certains cas, vendre leur logement quand ils sont propriétaires, avoir recours aux proches, quand ils existent ou le peuvent – car eux-mêmes sont confrontés aux effets de la rigueur – ou à défaut aux services d’assistance.

59. Ces personnes, notamment pour les plus âgées qui sont veuves ou veufs doivent aussi faire face à des problèmes de solitude, voire d’abandon, sans parler de la maltraitance. Elles se retrouvent de fait exclues socialement et exposées au risque de pauvreté.

60. Comme conséquence de la crise sociale et économique qui traverse l’Union européenne, il y a une augmentation considérable de la maltraitance de toutes formes qui touche particulièrement les personnes âgées au niveau émotionnel, physique, sexuel, psychologique et économique, exercée tant dans le milieu institutionnel et administratif qu’au sein de la famille.

61. Ce risque de violence ou de maltraitance qui touche en premier lieu les personnes âgées et notamment les femmes.
Le respect des personnes âgées nécessite de prendre des mesures pour éradiquer les abus et le harcèlement, mais passe aussi, par un contrôle rigoureux de la qualité des services. Il est indispensable que les personnels puissent être en nombre suffisant, qualifiés et correctement rémunérés. La FERPA doit poursuivre le travail engagé sur cette question.

62. Quant aux aidants, souvent familiaux, et eux aussi souvent âgés , ils doivent faire face à des difficultés considérables que ce soit en termes de démarches ou de soutien…Et sans pouvoir bénéficier de reconnaissance et de droits sociaux. Il est donc nécessaire que les aidants familiaux acquièrent des droits à la Sécurité Sociale pour les périodes consacrées à la prise en charge d’une personne en perte d’autonomie – périodes qui ne seraient pas déjà couvertes – et puissent bénéficier des aides nécessaires ainsi que d’un droit à la formation et au repos

63. C’est pourquoi la FERPA se mobilise avec ses organisations, tant à l’intérieur de chaque Etat-membre qu’au niveau européen – afin que toute personne, au sein de l’Union européenne, quels que soient son âge ou sa situation familiale, qui souffre d’un handicap ou d’un état nécessitant des soins de longue durée, puisse bénéficier des soins de qualité et des mesures d’accompagnement nécessaires.

64. Dans cette perspective, la FERPA suivra de près les initiatives et travaillera avec des organisations telles que ENNHRI (European Network of National Human Rights Instituions) pour rechercher une base légale pour donner force de loi dans la législation européenne à la dignité humaine dans les « social cares »

► Pour la FERPA, se mobiliser pour assurer à toutes et à tous les conditions d’un « bien vieillir », n’est pas un luxe mais une nécessité.

3.6. Lutter contre toutes les formes de discriminations

65. Les actuelles politiques d’austérité proposées et défendues par la Commission européenne et adoptées par la majorité des Gouvernements ont un effet négatif direct sur la cohésion sociale au sein des Etats membres et développent la xénophobie, les tensions entre et parmi les couches sociales ainsi que des sentiments anti-européens

66. Et en période de crise, la tendance – qui devient vite réalité – est forte de développer des comportements discriminants. Cette attitude préexiste indépendamment de la situation économique. Le sentiment d’insécurité lié à l’autre, de couleur, de genre, d’âge, de santé, de style de vie, de religion ou de philosophie différents est une constante dans la société. Mais lorsque les difficultés surgissent les attitudes et les comportements s’exacerbent. Les femmes, les migrant-e-s, les personnes âgées et/ou handicapées en sont les premières victimes et sont désigné-e-s comme les responsables des situations difficiles dans lesquelles se trouvent leurs concitoyen-ne-s.

67. Certes, il existe dans la législation européenne des dispositions qui prohibent toute forme de discrimination. Ainsi en est-il des deux directives adoptées en 2000, portant pour l’une sur l’égalité raciale et pour l’autre sur l’égalité de traitement en matière d’emploi et de travail qui prévoient entre autres dispositions, l’interdiction de la discrimination dans le milieu du travail en fonction de l’âge et qui imposent aux États membres de mettre en place un cadre juridique pour interdire les discriminations. Ainsi en est-il également de la Charte des droits fondamentaux de l’UE qui réaffirme l’importance du principe de non-discrimination, notamment au motif de la langue, de l’appartenance à une minorité nationale ou des origines sociales.

68. Quant au principe de l’égalité salariale entre hommes et femmes, il figure dès l’origine dans le Traité de l’UE !

69. Toutefois, force est de constater que l’existence d’une ou de plusieurs législations ne suffisent pas pour faire changer les comportements. Il est nécessaire de convaincre et de se mobiliser sur ces objectifs et pour faire changer les mentalités et les comportements.

► La FERPA confirme sa détermination et la mobilisation de ses organisations pour lutter contre toutes les formes de discriminations et notamment celles dont sont victimes les femmes

3.7. Pour atteindre ses objectifs, une FERPA plus forte et ouverte aux organisations qui les partagent

70. Pour la FERPA, une organisation de retraités plus forte, qui compte en Europe, est une nécessité. Le nombre de syndiqués est constitutif du rapport de forces indispensable à la construction de la réponse aux besoins sociaux des retraités et personnes âgées
Par ailleurs, afin de renforcer l’influence de la FERPA, les contacts entrepris auprès des organisations de retraités européennes non adhérentes seront poursuivis.

71. Pour la FERPA il ne peut être question de laisser les autres traiter de ce qui la concerne. Les retraité-e-s, via leurs organisations syndicales, devraient toujours être consulté-e-s avant toute prise de décision. Mais, elle est toutefois consciente, et notamment dans le contexte actuel, que seule elle ne peut réaliser ses objectifs.

72.. C’est pourquoi, au cours des quatre années qui viennent, elle continuera de participer de manière active au sein de la CES, dans les différentes instances où elle siège, pour faire entendre la voix des retraité-e-s et des personnes âgées et faire prendre en compte leurs revendications. De même, soucieuse de faire vivre ce qui fonde son existence, à savoir la mise en œuvre de la solidarité intergénérationnelle, elle s’associera aux mobilisations que lancera la CES et qui rejoignent ses revendications.

73. La FERPA continuera, également, à rencontrer, discuter et développer des alliances ponctuelles avec les Organisations européennes qui partagent ses objectifs, afin de les faire aboutir.

74. Une FERPA forte et dynamique qui développe ses initiatives en fonction de ses objectifs et qui recherche activement des coopérations de même opinion.

75. De même, tant en ce qui concerne la Commission que le Parlement européen, la FERPA, en accord de son Comité Exécutif, prendra toutes les initiatives nécessaires et appropriées pour faire entendre sa voix, c’est-à-dire celles des retraité-e-s et des personnes âgées pour que leurs préoccupations et leurs difficultés soient effectivement prises en compte par ces instances.

► Au sein de l’Union européenne, une FERPA forte, dynamique et fédératrice sur ses objectifs

Vivre et vieillir dans la dignité tel est le moteur de l’action et de mobilisation de la FERPA. Pour que ce slogan devienne une réalité, il est important que les organisations affiliées à la FERPA s’unissent avec la CES, se mobilisent et forcent leur gouvernement respectif d’agir afin que demain chacune et chacun puisse dire qu’il fait bon vivre et bien vieillir « ensemble » en Europe. La réussite et la concrétisation de cet objectif sera à la mesure de notre mobilisation et de notre détermination. Des femmes, des hommes, des proches comptent sur nous, sur la FERPA : ne les décevons pas.